Prévenir l'usure professionnelle pour maintenir les effectifs

Publié le 24/10/2008

Confronté au vieillissement de son personnel et à des difficultés de recrutement, cet abattoir doit prévenir l'usure professionnelle, pour conserver ses équipes et les compétences détenues. Pour y parvenir, elle dégage quatre grands axes de travail portant sur les conditions de travail, le contenu et les collectifs du travail, l'organisation et les pratiques de gestion des ressources humaines.

Informations sur le cas

ME (250 à <500)
Industrie

Présentation

Cet abattoir de porcs est né d’un partenariat entre plusieurs coopératives. L'entreprise commercialise ses produits en carcasse auprès de clients grossistes et ses pièces de découpe auprès de réseaux de la grande et moyenne distribution, de la restauration hors foyer, de salaisonniers ou de transformateurs. Elle oriente aujourd’hui son activité vers des produits de plus en plus élaborés (découpe, conditionnement) et à plus forte valeur ajoutée.

Demande de l'entreprise

Confrontée à des questions relatives au vieillissement et à des symptômes d’usure liés à la pénibilité du travail, la direction souhaite un éclairage sur la situation démographique de l’entreprise pour l’ensemble de son effectif. Le maintien dans l'emploi de ses salariés est un enjeu fort face aux difficultés qu'elle rencontre à recruter sur son territoire.

Démarche

Dresser le portrait démographique de l'entreprise, en tenant compte de son histoire et des perspectives d'avenir, pour que le groupe de travail réunissant direction et membres du CHSCT puisse mieux choisir une question à approfondir et à traiter : telle est la démarche adoptée.
L'effectif en CDI est composé à 52 % d'hommes et 48 % de femmes, avec cependant une répartition hommes/femmes très variable selon les métiers.
La pyramide des âges montre un personnel concentré sur la tranche d’âge intermédiaire de 31 à 44 ans (53 %). Les plus de 45 ans représentent 34 % de l’effectif ; les moins de 31 ans sont en proportion limitée : 12 %.

Cette distribution souligne trois enjeux en termes d’emploi et de travail pour les années à venir :
- le vieillissement d’une grande partie de la population implique un effort de prévention de l’usure professionnelle pour pouvoir continuer à travailler ;
- l'accroissement du nombre de départs à la retraite nécessite de renouveler l’effectif et les compétences ;
- l'intégration durable de jeunes salariés – actuellement essentiellement recrutés en CDD – semble indispensable pour renforcer cette tranche d’âge.

L’évolution de la pyramide des âges dans les années précédentes confirme ces enjeux. En effet, dans un contexte de diminution de l’effectif, les pertes sont concentrées à 80 % sur 2 tranches d’âge : celle de 31 à 36 ans et les salariés de plus de 51 ans.

Le groupe de travail souhaite approfondir l'enjeu prioritaire de la prévention de l’usure. Il choisit de travailler sur une population cible : les salariés de plus de 50 ans. Cela doit permettre de dégager des enseignements et des pistes d’action qui seront utiles aux autres catégories d’âge.

La perception des salariés de plus de 50 ans, de l'encadrement et des acteurs de santé est homogène sur les progrès réalisés en matière de conditions de travail (améliorations techniques, relations de confiance, meilleure rotation sur les postes). Mais certaines contraintes restent fortes, notamment l'amplitude et l'imprévisibilité du temps de travail, ainsi que les cadences.
L’avancée en âge et en expérience est jugée positivement grâce aux savoir-faire acquis et que l’on peut transmettre pour faire face aux contraintes du travail, grâce à l’esprit d’équipe … même si les problèmes de santé ne peuvent être oubliés, et ce, quel que soit l’âge. La prise en compte des données santé confirme les indications d’usure pour les plus de 50 ans, mais aussi celles pressenties pour la tranche d’âge de 31 à 45 ans.

Quatre domaines d’action, déjà pour partie mobilisés dans les années précédentes sont identifiés pour contribuer à prévenir l’usure professionnelle :
- préserver les capacités de travail en valorisant le système de prévention et de suivi des salariés en place, et en expérimentant le travail à temps partiel choisi ;
- renforcer les collectifs de travail, en améliorant les pratiques de “prêt de salariés” d’un atelier à l’autre et en organisant les conditions de transmission de l’expérience des plus anciens ;
- progresser dans l’organisation et les conditions de réalisation du travail : projets d’investissement, « micro-projets » d’amélioration, prévisibilité des temps de travail ;
- consolider la gestion des ressources humaines, en réintégrant cette dimension dans les projets et en favorisant l’intégration durable des salariés, le développement des parcours et la reconnaissance des compétences en lien avec les projets d’accords d’entreprise (égalité professionnelle, formation, classification…) et les pratiques de management.

Bilan

Les préconisations s’appuient sur plusieurs leviers : des actions déjà en cours, réussies, à poursuivre ; des « grands projets » d’investissement en phase de conception ; des “micro-projets” d’amélioration à réaliser selon les secteurs ou pour certaines populations (rôle de l’encadrement de production).